
Pensionnaire au lycée Henri-IV à Paris de dix-sept à dix-neuf ans, il y est l'élève d’Alain et y rencontre la future philosophe Simone Weil, avec laquelle il aura des échanges au sujet du sanskrit. En effet, « Re-Né » s’est précocement intéressé aux textes sacrés de l’Inde, et a décidé d’apprendre le sanskrit, quitte à composer lui-même sa propre grammaire sanskrite (celle-ci a été reproduite en fac-similé sous le titre La langue sanskrite – Grammaire, Poésie, Théâtre).
À Paris, avec Roger-Gilbert Lecomte, Roger Vailland et le peintre Josef Sima, il fonde la revue "Le Grand Jeu", qui connaîtra trois numéros de 1928 à 1930, le quatrième numéro restera dans les cartons. On y rencontre également Hendrik Cramer, le mari de Véra Milanova (future épouse de René Daumal).
En 1930, René Daumal fait la connaissance d’Alexandre de Salzmann, disciple de Gurdjieff qui lui permet de vérifier un certain nombre de ses intuitions : il décide de rompre avec sa vie littéraire et de s’accorder les chances d’une vie nouvelle par ce qu'il appelait de ses vœux : "une métaphysique expérimentale", accessible par les exercices proposés par Gurdjieff. Il est engagé comme attaché de presse auprès du danseur Uday Shankar et part avec lui durant l'hiver 1932-1933 dans sa tournée aux États-Unis.
Cette période est relatée dans « La Grande beuverie », premier grand travail littéraire de Daumal. On en découvre les clefs dans les Fragments inédits. Sur le ton de l'humour, « La Grande beuverie » présente une critique des rouages de la société pour un homme qui a brûlé son ego, et la question est posée de ce que la vie réelle pourrait être.
Revenu à Paris en 1933, René Daumal vit dans des conditions matérielles très difficiles. Il obtient le prix Doucet pour « Le Contre-ciel », écrit quelques traductions de l’anglais (Ernest Hemingway, Daisetz Teitaro Suzuki) et du sanskrit, des articles pour la NRF, et une abondante correspondance. Il rédige le texte « Poésie noire, poésie blanche », où il explicite les fondements d'une expérience poétique véritable. En 1934/35 il tient la chronique de la pataphysique du mois dans la Nouvelle Revue française. Né quatre mois et demi après la mort d'Alfred Jarry, il sera un grand admirateur de sa personne et de ses idées. Il le fait intervenir dans son roman La grande beuverie et sera l'auteur de différents écrits pataphysiciens publiés par la revue Bifur et le Collège de Pataphysique après sa création en 1948. Il constitue donc un maillon important entre l'auteur d'Ubu roi et les pataphysiciens constitués en corps.
Quasiment sans domicile fixe, il se déplace d’un endroit à un autre avec Véra Milanova. Il rencontre Philippe Lavastine et, par son intermédiaire (il travaille chez l'éditeur Denoël), l’écrivain Luc Dietrich et son grand ami Lanza del Vasto.
Ayant pris connaissance de sa maladie, une tuberculose déjà avancée, René Daumal séjourne le plus possible en montagne, dans les Pyrénées mais surtout dans les Alpes, au Plateau d’Assy chez la pharmacienne Geneviève Lief qui deviendra une élève. C’est la guerre. Il s’est marié avec Véra, Israélite. Il vit dans des conditions matérielles extrêmement difficiles. Il compose ses plus belles lettres, se remet à la poésie, écrit La Guerre sainte et commence son œuvre majeure, le célèbre et inachevé Mont Analogue, démonstration du langage analogique et de l’écriture à multiples strates de compréhension.
Il meurt rue Monticelli, près de la porte d'Orléans, à l’âge de 36 ans.
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